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dimanche 16 décembre 2018

Lèvres arabes

Plus encore que ce trait de kohl naturel qui donne à leurs yeux une terrifiante beauté, ce qui me séduit chez les hommes de la Méditerranée, c'est leur bouche, et plus particulièrement les lèvres. Nulle par ailleurs sur la planète on ne trouve ce mélange de volupté et d'intelligence, cette forme qui invite au plaisir de la parole.

Prenons par exemple cette image. C'est avec elle, parce qu'on ne voit presque que les lèvres, mais on les voit tellement, que j'ai pris conscience de cela.



Bien que coupée et saturée, la photo du visage laisse passer la courbe gourmande d'une bouche qu'on situe entre le Liban et la Libye. Mais cela pourrait être grec, sarde, égyptien tout aussi bien. Est-ce parce que l'écriture fut inventée là-bas, est-ce parce qu'on y murmurait les premiers mots sur l'argile, puis le papyrus, à l'ombre des eaux chuchotantes des rares irrigations ?

Cette bouche me donne l'impression d'être faite pour parler des choses importantes de la vie, des sentiments, des événements humains, et non comme les minces fentes européennes, de sommes d'argent et de leur pouvoir d'achat de machines-outils. 
On sait sans conteste d'où viennent ces bouches. De pays pauvres où l'on retourne les choses toute la journée autour d'un café. 



Ces pays pauvres où la guerre et son cortège de cruautés d'un autre âge hélas sévissent, ces "pauvres" qui connaissent encore le prix du bien le plus précieux, le temps de la vie, et que la misère de la hâte productiviste n'a pas encore atteints.


Si je me garde d'oublier les femmes, c'est  pour montrer bien sûr que Mère Nature leur a donné de quoi figurer au côté de leurs hommes,


 



 

 


 mais aussi pour revenir aux yeux, chercher la source de ces regards où l'âme déborde, 


fût-ce par sa langueur, 



cette magie secrète d'un visage qui se donne à lire,

 

celle que, sans aucun doute, les cinéastes italiens ont cherché chez leurs actrices.



Je serais tentée de dire que, de Claudia Cardinale




à Agostina Belli, par exemple


Parfum de Femme, 1974

 se dessine un chemin qui, loin de confesser la tendance, témoignerait au contraire d'un refoulement toujours plus fort de l'attirance amoureuse pour le sud et l'est, désormais assumée par les femmes seules.



Claudia Cardinale lors de la première de La Panthère rose en1963.

Un peu comme si la femme à la valise, la femme de pêcheur d'Aci Trezza , c'était la fille du bled dont il faut se débarrasser, afin que l'icône italienne soit plus proche de canons américains, pourtant perméables à ce désir ?

Claudia Cardinale sur le tournage de Il était une Fois dans l'Ouest 1968






mercredi 12 décembre 2018

Perinde ac cadaver

Si, si, j'entends les rumeurs dans la foule. Si, si j'entends ça et là les murmures de réprobation qui courent comme la risée sur la crête de la vague. Si, si vous dodelinez. Tout ça parce que vous vous dites "La Natacha, elle nous fait sa vieille réac, y'a un fonds de facho qui sommeille en elle, le cachalot, la cachottière, le clan la cagoule, les Jez, et puis quoi encore".
Eh bien non. Non, vous vous méprendez. Au contraire, c'est une théologie de la libération que je vous vante, et sans faire ma Zarathoustrate, faut que je vous en repasse une couche sur l'éducation non-sentimentale. 
Il faut bien garder présente à l'esprit une sorte de mètre-étalon : De même que l'eau n'ira pas plus haut que la plus petite planche d'un baquet, de même, le niveau de démocratie d'un pays n'ira pas plus haut que le degré d'éducation de ses citoyens.
Et par éducation, j'entends évidemment les humanités. On n'a rien à foutre de la physique, et il fait meilleur vivre dans une démocratie d'aborigènes que dans un Reich des stations orbitales. D'ailleurs il n'y a qu'à s'aventurer dans la jungle de la Gnose de Princeton pour voir le degré de déconnade que peuvent atteindre des scientifiques incultes qui se piquent de philosophie. On a le bon goût des gueules de bois des partouzes immondes que sont devenues leurs fêtes d'étudiants.
Bien.

Ces saines bases posées, disons que plus un citoyen est éduqué, plus il est en mesure de prendre en compte finement les enjeux de la démocratie. Je le redis. Plus un être est civilisé, plus fine est sa mesure des enjeux de la démocratie. Et notamment du plus précieux d'entre eux, l'endroit où se situe la frontière entre moi et les autres. Voilà, ça y est, je vois des têtes qui se relèvent, des regards qui s'illuminent. 

Ah c'est sûr qu'il fallait suivre depuis quelque temps, c'est pas comme la saison 45 de Games of Gondorf, où le magicien protège des nains contre les vilains musclés qui veulent leur foutre leur bouclier sur la gueule, tout ça pour leur voler la pierre violette, qui leur avait été confiée il y a 25 millions d'années, et qui donnera à l'élu qui saura la retirer de la gueule du dragon le pouvoir de congeler l'univers comme un paquet de haricots de chez Picard, le tout dans des grognements de gourf, des ahanements de Rank.. Ben non...

Donc on se répète encore, parce que je ramasse la guimauve comme un Hulot à la plage. Plus un individu est éduqué, et mieux, conscient de cette frontière, d'où elle passe, de qui sont les autres et pourquoi, de ce qu'on lui demande et pourquoi, de qui est ce "on", et ce qu'il a en échange, de là plus et mieux il s'engagera dans le contrat social, et mieux la démocratie fonctionnera. Voilààààà, on y arrive, voilààà.

J'ai donc d'abord montré en quoi la frontière entre moi et les autres est problématique. Je n'ai pas résolu la question, j'en ai soulevé les bords hors du sable pour qu'on la voie mieux. Ensuite j'ai montré en quoi le problème du consentement à la loi est un problème de démocratologie en soi, une question interne dont la démocratie doit s'emparer pour survivre hors des répits de glorieuses post-war à croissance à deux chiffres, car il n'est pas sûr qu'il y en ait de nouveau.

Alors, allez-vous me dire, on fait quoi ? Eh bien on ne fait rien, ou on faiblit, comme vous voulez. Je vous ai montré également qu'on ne peut rien faire, mais il faut expliquer pourquoi, c'est le paradoxe de la souche, de la pelle et de la motte, que je m'en vais vous narrer tout à l'heure. Encore une question d'échelle.


Les Jez sinon le Bronx

Suite donc à cet article, http://nahatzel.blogspot.com/2018/12/pas-plus-haut-que-le-bord.html vous allez cesser de me dire "Très bien mais alors qu'est-ce qu'on fait ?" après mes articles. Puisque je réponds : "On ne fait rien, parce qu'il n'y a rien faire d'une part, et d'autre part, quoi qu'on fasse, on ne fait rien". Bien.

Je vais examiner aujourd'hui un n-ième facteur de blocage qui vient rendre la transition pénible, c'est celui du consentement. J'avais abordé cette question sous le titre provocateur de "En quoi suis-je concernée par la loi ?", avant de conclure, avec Locke ou Hume, je ne sais plus lequel, que l'adhésion supposée à la loi est inique. 

Mais le mot de "consentement" a connu une nouvelle vogue depuis qu'un certain nombre d'infortunées, on pourrait presque les appeler des Justine, on dû se faire violer à plusieurs reprises par un voyou connu pour ces méfaits avant de cesser de se rendre dans sa chambre. On a peu entendu parler de celles qui n'ont pas obtenu de rôle dans les films, pour s'en être abstenu. Bien. 

Le consentement est un acte d'adoucissement de la relation au monde qui entre en conflit avec la vie en communauté. Si un pays demande à ses recrues leur consentement pour aller se faire trouer la peau, le succès sera sans doute mitigé. Si on demande à la plupart des gens leur consentement à aller travailler en échange de leur salaire, on risque d'instituer rapidement le revenu universel. C'est en somme le "I'd prefer not to" de Bartleby, vu du côté anticipation, et comme on dit maintenant "concertation". 

Sans concertation, il se trouve que le canard n'a pas donné son consentement pour être abattu  le dimanche matin pour désennuyer un ivrogne qui ne veut pas partager le ménage avec sa femme, et qui a trouvé pour seul justificatif que "ça pullule". Sans concertation, il se trouve que la société de chasse a vendu à ce brave homme un droit sur la vie de ce canard, droit qu'elle ne détient pas. Elle n'a pas créé la vie de ce canard, ne l'a pas achetée et n'en est pas héritière. Elle n'a donc pas de titre de propriété sur la vie du canard. Elle ne saurait donc le transférer, le céder ni le vendre. Donc la chasse est non fondée en droit. 

En revanche, si je tue le chasseur, on me dit que la loi s'applique à moi. Or, cf. à nouveau le débat Locke-Hume, je n'ai jamais donné mon consentement à être concerné par la loi. Des pays où l'on force les filles à être mutilées sexuellement, les petits garçons à se prostituer, on dit que les coutumes sont iniques puisque les gens concernés sont manipulés avant d'avoir pu donner leur consentement. Mais il en fut de même pour nous tous, citoyens français. La loi s'est appliquée à nous à notre naissance avant même que nous puissions comprendre ce que c'était qu'y donner son consentement. 

Alors ? Alors plus nous allons augmenter, à titre individuel, le droit au consentement, pour le plus grand confort de chacun, plus nous allons enrayer la mécanique du consentement tacite qui reliait le canard au porc, et le général à ses soldats, à savoir, si tu acceptes le rôle, c'est que tu couches en échange, et si tu es français, c'est que tu es d'accord pour aller te faire trouer la peau à Verdun.

On voit que ça coince. Je sens que vous avez des grains de sable dans les dents, on dirait la figue de Ponge.

Plus l'individu sera "entitled", à titre individuel, à envoyer chier son supérieur au motif "qu'il n'est pas là pour souffrir, ok ?", plus il se sentira fondé à rester sous la couette quand il est malade, légitime dans son droit au logement, droit à une alimentation saine et équilibrée, droit à l'Internet au débit, à la dernière version de Callof et à une prime binouze le vendredi, plus il deviendra dur de lui demander de se lever le matin pour aller se faire chier dans les frimas à pelleter de la terre gelée.

Demandez à certains corps de métier la peine qu'ils ont à recruter. Déjà dans les abattoirs, ce sont les tchèques ou les hongrois qui viennent faire le boulot que les français "ne veulent plus faire", comme on dit par ici. 
Et un abattoir, ça pue autant que sent bon votre plat aux lardons. Non, en fait beaucoup plus.Sans compter les hangars où ils élèvent les porcs, où croupit la pisse de porc.

Alors ? Alors vous allez me dire que le terme "consentement à l'impôt " suffit à montrer  que le nécessaire sacrifice peut être enseigné et accepté. Soit, alors c'est une question d'éducation, j'accepte. Je pense que le pouvoir a trop intérêt à gouverner des ignares pour risquer de les laisser apprendre quoi que ce soit en la matière. En tout cas il reste qu'on ne m'a jamais enseigné quoi que ce soit en la matière, et je dirais même qu'on s'est bien gardé de le faire.

Pourquoi ? Parce qu'il y a bien des chances que les gens répondent "non". Non, je ne veux pas aller à l'armée, non je ne veux pas payer l'impôt, non, je ne donne pas mon consentement à ce que les lois françaises me concernent. Là, on est bien embêtés. Et si on suit ce raisonnement, on ne peut demander le consentement du citoyen à s'estimer concerné par les lois.
Donc la loi doit s'appliquer de façon inique, elle doit s'abattre sur le justiciable, et ne lui laisser que de longues possibilités de recours et de modification.

Mais cela aussi s'enseigne. Disons se transmet. Jusqu'à ce que la notion de sacrifice soit intégrée. comme les marques de fouet dans la peau. Que celle de bien commun percole jusqu'à ce que l'individu se dissolve dans le collectif.
Une dissolution consentie, une humiliation de l'individu, un retour à la terre, ma disparition en tant que feuille individuelle pour augmenter l'humus, afin que le bien commun grandisse, bref, les Jésuites.

samedi 8 décembre 2018

Pas plus haut que le bord

Avant que d'attaquer un nouveau sujet, je voulais répondre à une de vos questions qui ne manquera pas de surgir à la lecture de cet article,  question qui est :" D'accord, et maintenant qu'est-ce qu'on fait ?". 

Ma réponse sera aussi une façon de séculariser le débat lancé par cet article de mon éminent confrère John Moullard. Si John est perdu dans les élucubrations délirantes de son cerveau enfiévré par les vapeurs de l'alcool, vous savez que j'ai à cœur de ramener le débat à l'intérieur d'un cadre pragmatique. 

Je ferai la transition avec une petite anecdote tirée du film Le Père Noël est une Ordure, au cours duquel un des protagonistes dit à l'autre qui lui verse à boire : "Pas plus haut que le verre, Radan"  (Le "verre à dents"). Ce dernier s'appelle en effet Radan Preskovic.

Si l'on voulait "faire masse" de l'espace-temps fictionnel et de celui de notre "réalité", nous nous frotterions à une rupture qui est de l'ordre de celle d'une "mise en abîme". Le spectateur regarde la scène de haut, depuis son balcon. Ainsi les auteurs ont-ils prénommé Monsieur Preskovic " Radan", au moins en partie si ce n'est uniquement pour que ce dernier puisse faire l'objet d'une apostrophe de type "... le verre, Radan". 

Dans la réalité, on peut faire de même, et prénommer son fils Radan, l'offrant ainsi en holocauste sur l'autel de la rigolade, à quelques uns qui sauront en profiter. Mais on me concédera que la plupart du temps, le jeu de mot est opportuniste, et que les parents ne prénomment pas leur enfant dans ce but. 

Qu'est-ce à dire ? C'est à dire que l'auteur d'un scénario seul prépare le futur, il le "préfigure", il le "moule". Le monde fictionnel va "molding the way ahead", disais-je. Le deux univers sont temporellement inversés. Je m'explique.

Dans l'univers du film, vous rencontrez un type qui s'appelle Radan, et cela vous donne l'occasion de faire le jeu de mot. "Radan" est premier, cause initiale qui vous permet de faire le jeu de mots, second, postérieur.
Dans l'univers de la personne qui écrit le script du film, le nôtre donc, le jeu de mots est premier; puis Radan est posé en second, lors de l'écriture de la réplique qui indiquera son prénom, avant l'écriture du jeu de mots, qui jouera sur la précédente.

Une étape de plus, un recul dans la pyramide des causalités, et le processus temporel s'inverse. Imaginons que le comédien oublie la réplique de la pierre d'attente, par exemple imaginons qu'il accueille M. Preskovic à la porte au début du film, et que le comédien dise "Je m'appelle Monsieur Preskovic" au lieu de dire :" Je m'appelle Radan Preskovic" (réplique de nommage). Alors le jeu de mots tombe à l'eau. Le comédien qui lui donne la réplique, Thierry Lhermitte je crois, aura même intérêt à le supprimer, et à dire "Pas plus haut que le bord du verre". En effet, dire "Pas plus haut que le bord du verre, Radan", tomberait ici à l'eau.

La réplique de nommage doit être première. Mais pour celui qui écrit le script, c'est le besoin du jeu de mots, la nécessité que le jeu de mots ait un impact, qui contraint la réplique de nommage à exister avant lui. Donc le futur contraint le passé à exister. Il le conforme à ses besoins.

Fidèle à ma promesse de plonger le débat dans un cadre pratique, je vais prendre l'exemple suivant, lequel a pour objet de montrer, pour revenir aux courants de John Moullard, qu'en matière économique comme en tout, l'éducation est la porte de toutes les autres vertus, et cela parce qu'un autre courant veut qu'en matière de business, la prime est au mal.

Imaginons un restaurateur de Bayonne qui met à son menu des pibales. Comme plusieurs de ses confrères, il est victime de l'épuisement de matière première. La pibale vient à manquer, tuée par la surpêche et la pollution, comme tout ce que l'homme touche. Le restaurateur supprime donc la pibale de son menu, mais quelques mois plus tard, à sa grande surprise, ses confrères ont remis ce plat à succès dans leur carte.
Ses confrères se fournissent en civelles, alevins d'anguilles frauduleusement pêchés dans les estuaires plus au nord, et les font passer pour des pibales. Si le restaurateur consciencieux avait l'ombre d'une intention de renoncer à ce traffic, tout le corps social le pressera d'y céder. Les autres le font, il ne va pas rester seul dans son restaurant désert pendant que les autres se remplissent les poches, sa femme, ses enfants, ses amis, le percepteur et d'autres s'emploieront à le faire revenir sur sa décision : lui aussi fera du trafic, il n'a pas le choix.

Il y en a un qui a le choix, c'est le consommateur. Si on l'avait éduqué à distinguer les goûts, si on l'avait éduqué à se renseigner sur ce qu'il mange, il aurait été chez le restaurateur honnête, qui aurait été récompensé de son attitude.

La morale de cette minuscule histoire est que le pouvoir de décision et de changement n'est pas donné à ceux qu'on pense, mais qu'il est dans les mains de ceux au bénéfice de qui ce service est organisé. Plus les clients des restaurants seront éduqués en gastronomie, plus ils permettront aux restaurateurs un exercice sophistiqué de leur métier. Bien.

Nous allons maintenant passer à l'échelle au-dessus, ou plutôt en dessous. Car souvenons-nous que tout n'est qu'une question d'échelle. Si vous raisonnez en termes de santé publique, vous tiendrez pour une assistance au décès plutôt précoce, de façon à libérer les ressources de la planète pour les jeunes générations, sans compter les innombrables autres motifs. Maintenant si on vous tend le couteau et qu'on vous dit :" Be my guest, massacre les premiers", et qu'il vous faut maintenant choisir une personne à tuer de sang-froid, vous allez avoir du mal. Vous avez changé d'échelle, vous êtes passés de l'échelle "vue satellite", à l'échelle "pieds sur terre".

Donc reprenons l'exemple de notre restaurateur, mais à une grande échelle. Nous allons considérer la Révolution Française, puis la WWII.

Imaginez qu'on vous demande d'établir un plan pour faire en sorte que la Révolution Française n'arrive pas. Vous devez produire une liste d'actions qui seront exécutées selon vos ordres : untel fait ci, un autre ne fait pas ce qu'il a fait, etc. On embauche ensuite des figurants, on rejoue le scénario selon votre script, et on voit si vous parvenez à éviter le bain de sang.

Il est vraisemblable que vous allez vous effondrez sous le poids de la combinatoire des actions. En effet, si vous modifiez une journée d'un acteur, il faut modifier non seulement, et de façon cohérente, l'emploi du temps de tous les gens rencontrés par lui ce jour là, mais encore les actions de la veille non prolongées, les actions du lendemain non mises en route etc. Et donc modifier l'emploi du temps de la veille pour les gens rencontrés ce jour là, bref, il est peu probable que vous finissiez la première journée du premier acteur.

Et d'ailleurs, quand la situeriez-vous ? Quel jour décideriez-vous de commencer à modifier les évènements ? Et pour qui ?

Par qui commencer, le matin de ce jour, quelle action ne pas lui faire faire pour empêcher la Révolution ?

Prenons maintenant le même exemple avec WWII. Vous devez empêcher cette guerre de se produire, et donc lister toutes les actions que les gens feront au lieu de celles qu'ils ont faites. Empêchez-vous le père et la mère de Hitler de se rencontrer, par exemple ? Pas facile, il faut modifier tout un tas de choses...

Alors comment expliquez-vous, et j'en viens là à mon point principal, comment expliquez-vous qu'en ce qui concerne la situation actuelle du monde, chacun ait un avis sur qui doit faire quoi pour éviter les catastrophes à venir ?

Comment expliquez-vous qu'on étale aisément sur la table qu'il est impossible à un restaurateur de changer sa carte, qu'il est hors de vue de changer quoi que ce soit aux événements passés en raison d'une intrication indémêlable de tous les acteurs et de tous les facteurs, mais que tout le monde ait un avis simple sur ce qu'il faudrait faire aujourd'hui ?

Je vous laisse méditer là-dessus, sachant que la clé, c'est l'échelle. Plus on éduque les citoyens, plus on donne à une société les moyens de partager des clés à une large échelle. J'y reviendrai.

jeudi 29 novembre 2018

Du pourquoi des courants

Suite notamment à cette émission de France Culture, j'ai vu se dessiner un courant global, ou plutôt un carrefour de courants, dont je vais vous entretenir ci-devant. 

Au carrefour de ces courants se produit donc un confluent de forces, lequel a pour effet de reconfigurer le paysage politique général des pays concernés, et l'intérêt c'est qu'ils sont de plus en plus nombreux à s'aligner sur ce qui finit par devenir un modèle, au sens scientifique du terme, et non moral, bien au contraire. 

Ces deux courants agissent conjointement, en feed-back, en partant d'un état initial quelconque, une offre politique régionale diversifiée, pour aboutir à un état final toujours un peu similaire, c'est à dire une bi-partition. Cet élément est absorbant pour la relation considérée, c'est à dire que, quel que soit le paysage politique de départ, le phénomène agit comme une uniformisation qui rampe à présent tout autour de la planète, profitant de toutes les forces standardisantes, les agrégeant autour de lui comme un maëlström.

Le premier courant est une propension de l'animal humain à la jouissance, autrement dit à désirer toujours plus de confort gratuit obtenu sans effort. vous me direz, il faudrait être folle pour souhaiter payer pour en chier. Il est beaucoup plus simple de passer dans un garage chauffé attenant à sa maison, pour monter dans un SUV chauffé, ouvrir la porte télécommandée du garage, et rouler sous une averse de grêle, que de faire la même chose en mode "pauvre", c'est à dire prendre son courage sur le seuil en regardant le ciel, manœuvrer les serrures avec des doigts endoloris par le gel pendant que l'eau glacée vous coule dans le cou et envahit vos chaussures, avant même que vous n'ayez atteint l'endroit où vous rangez votre vélo. 

On peut faire le même constat avec la cuisine, la télé, les loisirs, inutile de raconter des 'histoires aux petits enfants de décroissants, il est beaucoup plus agréable de tourner un bouton pour avoir un bain chaud dans une belle salle de bains chauffée, avant de se glisser dans un bon peignoir éponge douillet, tiédi au sèche-serviette, que de se laver à l'eau froide dans une pièce glacée. Les hérétiques relèvent du club SM. Bien. 

Le passage d'une proportion élevée d'individus (un grand %) d'une société d'un de ces états à l'autre s'appelle "émergence d'une classe moyenne" (ECM). Émergence est un mot qui dit bien que le processus est dynamique. Nous ne parlons pas d'une (toujours très hypothétique) classe moyenne, mais de l'émergence de cette classe, ce qui est complètement différent. "Classe", quant à lui, est entendu au sens marxien.

Ainsi cette émergence se définit-elle par son avant et son après, son derrière-elle et son devant-elle, d'où elle vient et où elle va, c'est à dire non seulement son passé et son avenir, mais aussi ses hantises, ses attentes, ses rêves. 

Si on tient à les définir en absolu, le mieux est sans doute "petit-bourgeois", avec le sens qu'on donnait à "bourgeois" chez les intellectuels français lorsqu'il en existait encore, c'est à dire avant la chute de Vincennes. Pour ceux à qui cela n'évoque rien, on peut dire que le mot désigne avec une connotation de mépris la personne qui ne pense qu'aux objets et "services" (commerçants qui les vendent, restaurants, teinturerie, voyages et séjours de vacances...) qu'elle achète pour les consommer, en gros manger le plus possible, et vivre ainsi le plus longtemps possible pour le moins cher possible, et non au contenu intellectuel et artistique de sa vie (livres lus, expositions et concerts auxquels on assiste, art admiré, possédé ou critiqué...) ou au recul qu'on prend par rapport à sa classe (opinions, révoltes, choix de vie, aventures, risque, exploits romantiques, suicide...)

Le second courant est cette propension d'un système mercantile à produire ce qu'on lui achète, comme l'eau à s'écouler vers les vallées, ou les billes hors d'un sac, sauf que ces deux dernières images sont passives, tandis que le phénomène dont je parle est actif. On peut par exemple prendre l'image d'un revolver vide. Si un homme possède les cartouches correspondantes, il en garnira les logements vide du pistolet. La cartouchière attire la cartouche, qui voyage alors vers le barillet, puis vers le canon et enfin vers sa cible. Tous ces vides "appellent" successivement le plein de la cartouche.
Et pour mettre en route ce voyage, le tireur va se rendre à l'armurerie pour acheter. l'armurier aura préalablement fait rentrer des boîtes de munitions, aspirant à l'extrémité du tuyau de la chaîne de production. Le désir français siphonne la douleur de l'ouvrier chinois comme on aspire de l'essence dans un bidon pour dépanner une voiture, en faisant remarquer que le Chinois en vient à s'auto-siphonner. C'est une caractéristique de l'ECM à la chinoise.

C'est ainsi qu'on voit ce second courant commencer à former avec le premier un phénomène de feed-back caractéristique du siphon : accélération du même phénomène dans le même sens, les deux courants contribuent à le renforcer, cette amplification augmentant la force d'aspiration des courants etc. : nous sommes toujours dans la dynamique. En effet, pour acheter, il faut disposer de moyens de paiement, ce que la classe moyenne possède plus que les pauvres, et pour se réaliser par  le consumérisme de masse, fantasme caractéristique de l'ECM, il faut acheter. La boucle se met en place.

Il s'agit maintenant de voir comment ces deux courants s'entretiennent mutuellement pour  créer une dynamique de reconfiguration politique. En effet, si ces courants étaient contradictoires, ils pourraient s'équilibrer, et anihiler mutuellement leurs forces et leurs effets. Or ici, agissant dans la même direction, leur résultante additionne leurs effets dans une direction commune.

Cette direction commune mène à la reconfiguration du paysage politique (RPP) opéré par le premier courant. RPP qui amène l'ECM, puis est entretenu par l'effet siphon de l'ECM.

Tout ce qui va suivre est brossé à grands traits, et donc prend le risque de tomber dans la caricature. Mais si on travaille sur les photos des fonds marins, les photos satellite nous rendent les détails flous. Cet essai étant à l'échelle mondiale, on doit effacer certaines disparités, et donc inévitablement être inexact "par endroits" (1).

En consentant à sacrifier cette finesse, on peut dégager un phénomène d'ampleur mondiale tout à fait amusant. 

 Que se passe-t-il lorsque l'ECM se met en place, à la fin du XXème siècle en Europe après la seconde guerre mondiale ? Elle trouve un paysage politique déserté par les forces politiques antérieures, basées sur les anciens piliers des sociétés : patrie, religion, et autres idéologies qui ont conduit aux guerres mondiales et dont la jeunesse ne veut plus entendre parler. Le village devient global, la terre appartient à tous, du moins à son locataire, lequel ira voir ailleurs si ça ne lui plaît pas, la planète étant alors infinie.

L'idée est désormais de s'épanouir dans la vie à travers la matérialité. Les premiers banlieusards sont éblouis du luxe des barres de HLM :  pour eux, chacun sa pièce, même minuscule, et une salle de bains avec de l'eau chaude, c'est le luxe. L'ECM est en route, le reste suivra : télé, voiture, pavillon. Éclatement des structures urbaines (2), le luxe c'est d'avoir tout en minuscule, la caravane est le futur du pavillon, on le voit aux USA, c'est maintenant bien implanté (3). La révolution numérique y pourvoira avec un écran qui occupe tout le mur. Pas de terrain, mais des pixels par millions.

Tout cela est connu, il s'agit des trente glorieuses.

C'est ce qui est en train de se produire en Turquie, en Inde, et en Amérique du Sud. Il y a un film magnifique sur le mariage d'une ECM-- de banlieue genre Lima. Cabane en parpaing, festin avec verres en plastique, c'est de toute beauté. Au début du film, défilé des voisins qui amènent des cadeaux, une télé, et je ne sais quel accessoire ménager à mettre dans la cabane en parpaings. Je me demande si ce n'est pas elle qui est engagée comme domestique chez une dame qui a cassé son piano. Donc, une classe moyenne avait pour passé le logement précaire, la rue sale, limite bidonville. Elle a pour avenir le pavillon, la voiture, les enfants qui font des études, et la balade au centre commercial le dimanche, à acheter des babioles chinoises.

Des centaines de millions d'individus sont en train de basculer dans ce modèle. En réalité, ils sont dans la misère comme avant : tout est acheté à crédit, et rien ne prend de la valeur, c'est moins cher de racheter que d'entretenir. Peu importe ce qu'ils achètent, l'objet n'est qu'un support pour le crédit qui va avec, ce qui permet de continuer l'expansion de la pyramide de Ponzi planétaire qu'est devenue l'économie mondiale.

Et la politique dans tout cela ? C'est là que, de tragique, cela devient grotesque. Ce mouvement va percuter de plein fouet le paysage politique en place, bousculer les anciens partis, faire voler en éclats les anciens clivages, et reconfigurer le paysage politique, peu importe ce qu'il était avant, dans une bipartition fondamentale.

La nature de cette bipartition s'explique très facilement par le mécanisme qui lui donne naissance : l'ECM. Lorsque vous êtes en transition dans la classe moyenne émergente, il n'y a que trois solutions : ça marche pour vous, vous devenez classe moyenne supérieure, vous stagnez et votre transit s'enlise, ou alors votre émergence rate, et vous devenez un laissé pour compte de la croissance.

Pour ce qui est de la première catégorie, vous devenez adhérent du système libéral, de l'économie de marché, des privatisations, vous achetez votre énergie, votre éducation, votre santé, le moins cher possible, et vous en avez pour votre argent.

Pour ce qui est de la seconde catégorie, on vous fait comprendre que c'est l’Économie qui ne marche pas aussi bien qu'on voudrait, et donc comme à toute Déesse capricieuse, il faut faire des sacrifices. Comme dans l'antiquité, vous n'aviez pas de bonnes moissons parce que le temple de la divinité n'était pas assez garni, de même aujourd'hui la déesse Economie de vous favorise pas de sa divine croâssance et de son divin emploâ parce que vous n'avez pas encore assez sacrifié votre vie de famille. Vous devrez travailler plus longtemps pour moins cher.
Si ça ne marche vraiment pas, on vous fait comprendre qu'il faut aller habiter un ghetto ou un bus médical passera de temps à autre.
Ces deux premières catégories se recrutent en centre ville et dans les banlieues.

Pour ce qui est de la troisième catégorie, les perdants de la mondialisation, on les recrute surtout en petites villes et zones rurales. Ils on l'avantage d'habiter parfois encore la maison de leurs parents, et peuvent donc garer leur voiture dans un vaste espace devant la maison, ce ce qui est un luxe inaccessible aux dizaines de millions de banlieusards. Pour le reste, c'est alcool et télé.

Leur destin est donc de tomber dans les bras des partis "populistes", dit-on aujourd'hui pour qualifier ces sortes de "pré-fascistes" dans le processus de décomposition de la démocratie qu'illustre cette dérive. Les partis "populistes", recueillent en France le vote d'une personne sur cinq, au pire. On parvient à occulter cette réalité pendant 1795 jours après chaque élection, c'est à dire qu'on met ce résultat sous le tapis au lendemain du second tour, jusqu'à un mois avant le prochain scrutin, où on rouvre la boîte à meuh qu'on avait rangée au dessus de l'armoire, on pousse les hauts cris, on fait tous la main sur le cœur un "pacte républicain", pour faire élire le candidat du néo-libéralisme et du consumérisme de masse, ou plutôt pour faire rater la marche au "populiste".

Ainsi, en premier les CM émergents ++ continuent-ils de pouvoir faire tourner la machine à crédit dans les supermarchés, en second les CM émergents - sont-ils priés de se serrer la ceinture pour rembourser la dette des précédents, tandis que les troisièmes seront renvoyés à leur ferme ou HLM, et ça tiendra bien encore 5 ans.

Ainsi le paysage politique, cette fois au sens large, civilisation, culture... est-il pulvérisé pour se réagréger autour de ces deux pôles ; une majorité vaguement souffrante, pleine d'espoir, qui trime pour s'en sortir, et une minorité dont on achète le silence à coup de prestations sociales.
Tout le reste sombre, la culture au sens large, c'est à dire les spécificités d'un peuple, et notamment ses savoir-faire. Tel peuple savait teindre les textiles, l'autre les tisser, un troisième les broder. Et cette spécificité permettait d'exporter les produits au delà du village, et de pousser ces savoir-faire.

Mais le consumérisme de masse ne peut pas fonctionner avec des peuples disparates, qui lisent des livres dans 36 langues différentes, qui fabriquent leur costume, qui font pousser leurs plantes, qui mangent ce qu'ils produisent.

Pour pouvoir rafler de la marge sans rien faire, le monde financier a besoin d'un seul citoyen mondial uniforme, qui s'habille avec les vêtements de la grande usine chinoise, qui mange les mêmes purées produites par la même machine en Pologne, qui roule pour brûler de l'essence avec la même voiture produite en Inde, et qui regarde le même film produit par la Silicon Valley.

Et c'est là que le deux courants trouvent leur synergie, qui fait que cet immense fleuve se déverse dans le même lit: la flemme. A part quelques excités, vite qualifiés d'hyperactifs, les gens devenus obèses et cardiaques sont de plus en plus dépendants du système de consommation qui, tout en faisant émerger leur classe, les plonge dans une passivité physique croissante, les englue dans une passivité mentale télévisuelle.

En fait, l'humain, le vrai, le génétiquement non modifié, sera bientôt une plaie pour l'usine à plastiques. Il faut le remplacer par un robot que ses multiples implants rendent dépendants à la machine, un débile qui ne sait plus se repérer dans son quartier, un décérébré angoissé à l'idée de faire trois mètres sans son smartphone. Plus le téléphone est intelligent, plus son porteur devient débile.

Plus il devient débile, moins il s'aperçoit que, élection après élection, le seul choix politique qu'on lui propose est entre un néo-libéralisme, capitalisme, appelez cela comme vous voulez, et un pseudo-fascisme de pacotille, avec ses ratonnades d'opérette dans les foyers et ses glorieuses croix gammées sur les cimetières la nuit, que les ligues diverses vont agiter comme le retour du grand méchant loup, et commises en réalité par des gamins de 14 ans qui s'emmerdent au point de faire n'importe quoi qui leur rapporte dix vues sur Instagram.

Car le problème du capitalisme est que la troisième population, celle des laissés pour compte, grandit inexorablement. Pour endiguer la violence qui casse ses outils de production, le capitalisme a donc engagé une impitoyable course contre la montre, dont les trois facteurs clés sont :

- Ériger toute revendication minoritaire en nécessité absolue, à condition que cela reste confiné à la cellule, au bloc, à l'étage, au bâtiment désigné. Par exemple on criminalise toute allusion aux critères ethniques d'une personne, de façon à criminaliser le monde extérieur, tandis qu'on remplit des prisons de femmes noires obèses, où on arrive à les faire tenir tranquilles avec un maximum de droits, pourvu qu'elles ferment leur gueule, et bouffent des chips gratuits en regardant la télé.

- Transformer biologiquement et génétiquement l'être humain en robot obéissant à son maître qui en contrepartie, lui monte et démonte ses pièces de rechange gratuitement dans le cadre de la CMUC.

- Séparer les classes pour qu'elles ne se rencontrent jamais. Les ECM++ doivent vivre dans un grand parc de loisirs. Ils doivent pouvoir aller faire du trekking à l'autre bout du monde, et ne rencontrer que allées propres, bâtiments lavés, gens sympathiques, bien élevés et propres sur eux, distributeurs de coca frais partout, avions à l'heure, hôtesses souriantes, loueurs de voitures qui prennent les valises, qui sentent bon, loueurs d'appartement originaux, sympathiques, fenêtres qui ferment bien, radiateurs qui marchent, cloisons silencieuses, pour pouvoir eux aussi mettre 5 étoiles au monde avec leur smartphone.

Ils ne doivent surtout pas croiser les paysans de la vallée d'à côté, expropriés d'une terre empoisonnée par l'usine qui extrait le minerai pour les écrans de smartphone.

Une fois le piège mis en place, le moteur de l'ECM peut fonctionner en boucle de renforcement, c'est à dire en resserrant le collet, avec les effets suivants :

- A chaque nouveau scrutin, la masse des mécontents menace de voter "populiste", et tout le monde se rassemble au second tour pour faire capoter le projet, avec 25 % des voix compte tenu des mécanismes électoraux. Ainsi la masse des mécontents pense avoir donné au pouvoir un "avertissement", et feint de croire qu'il va s'amender.

- Pendant ce temps là, c'est encore une mandature de gagnée. Rappelons-nous que nos dirigeants sont comme des braqueurs de banque : lorsque l'alarme sonne, ils ne se demandent pas s'ils ont bien ou mal fait, au contraire ils se hâtent de ramasser les derniers billets avant l'arrivée de la police.

- Lorsque le pourrissement est assez avancé pour que le pays verse pour de bon dans le "populisme" dans l'espoir que ceux-là vont au moins éradiquer la mafia de la drogue, ce qui est un comble vu que ce sont les mêmes (voir récemment le Brésil), on  assiste à l'ouverture du dernier opus de la descente aux enfers : la mafia du business invite la police à se servir à la banque, et en matière d'opérations mains propres, la corruption s'étend définitivement à tous les secteurs grâce au népotisme, le tout dans une ambiance de répression accrue.

L'épisode final est bien sûr la guerre civile, avec prise de pouvoir des militaires, une ou deux générations de chaos, avant un retour de la prospérité à la "mort du dictateur", un patriarche à la Garcia Marquez, évidemment.

Certains pays, par exemple en Afrique, rejouent hélas en boucle la dernière saison depuis le départ des colons. On en dira tout ce qu'on voudra, il faut être de mauvaise foi pour ne pas convenir qu'on aurait pu en sortir par le haut, et instaurer une vraie démocratie.

Mais la démocratie ne marche que sur des gens prêts à se sacrifier pour le bien commun, et non sur des gens prêts à exterminer leurs semblables pour un peu d'or. Tant qu'une ou deux générations n'auront pas été éduquées "à la jésuite", avec une prise en compte de l'intérêt de la communauté à côté des appétits individuels, assurant à tous une prospérité durable, quitte à priver quelques exploiteurs d'une fortune considérable, donc tant que ce régime n'aura pas formé une génération de citoyens, fonctionnaires, et artisans raisonnablement avides, tenter d'appliquer la démocratie dans ces pays sera comme chauffer des œufs et de la farine séparément en espérant que cela va faire une tarte. Tant que le mélange initial n'est pas fait, tant que la pâte n'est pas constituée, elle ne peut pas cuire.

Un autre signe que le cercle vicieux est déjà en place dans nos contrées est que les hommes politiques n'ont plus envie "d'y aller". Dans le premier temps du pourrissement, les idéalistes baissent les bras, et laissent la place aux business men, qui se disent qu'on va faire du pays une entreprise. Quand il n'y a plus rien à gagner, les affairistes laissent la place à une espèce plus dangereuse encore, les idéologues passionnés. Ces derniers, psychopathes visibles (contrairement aux Picsou, dont la maladie se guérit parfois), n'ont cure de ne pas faire fortune. Tant pis, ce qu'ils veulent, c'est devenir le fétiche du groupe, et pour cela, il leur faut installer une psychose collective dans le pays.

Cela tombe bien puisque le pays est exsangue économiquement du fait qu'il a été essoré par les affairistes, et que les gens sont donc prêts à adorer tous les dieux (Baal est toujours le dernier dieu " civil" à arpenter les rues de la cité remplie, le suivant arpente en uniforme des avenues désertes). Il lui suffit donc de jouer n'importe quel air de flûte dans un climat paranoïaque, et tout le monde suit. On a vu ce que ça donne.

La bipartition devient alors atroce : l'idéologie du parti noie tout le corps social et le fige, comme la résine plastique envahit un objet et le bloque. Les zombies fonctionnent selon les directives d'une machine aveugle, les derniers hommes libres fuient par les égouts, bref, on connait.

La nouveauté aujourd'hui, c'est que d'une part le phénomène est mondialisé, et que d'autre part, l'outil numérique a fait son apparition.
Je ne dis pas que le vice n'était pas mondial, il l'a toujours été, puisqu'il est consubstantiel à l'humain mal éduqué. Non, il est "mondialisé". C'est à dire que la mafia peut creuser du ciment au Brésil pour alimenter les chantiers bidon en Inde et inversement. La volatilité des capitaux permet de pomper le carburant nécessaire à ce système, de façon de plus en plus vaste, rapide et sophistiquée. Plus une entreprise commerciale est internationale, plus ses racines font appel à des mafias capables de la servir à son échelle, c'est à dire au niveau mondial.

Voir par exemple l'expérience acquise par la mafia en Italie dans le traitement des déchets industriels et ménagers : ils sont maintenant prêts à offrir les services de ce modèle à une entreprise qui a un problème au niveau national. Demain ils pourront œuvrer au niveau mondial pour les entreprises qui le souhaitent, grâce à l'expérience acquise dans un pays.

Si le système fonctionne aussi bien, c'est qu'il a pour le servir l'entropie négative de l'univers, rien que ça. Il est plus facile de salir que de nettoyer, tout le monde le sait. Ainsi, tous ceux qui mettent la merde sous le tapis trouveront le sens naturel des choses pour les aider. C'est là que nous revenons au premier point. La paresse naturelle de tout être vivant le pousse a adhérer au système mafieux, qui est toujours plus bénéfique pour lui, et toujours plus délétère pour la communauté.

Du moment qu'on lui enlève ses ordures, le citoyen se fout pas mal de savoir que ce sont d'autres pays qui servent de poubelle, et que ses propres enfants porteront des masques à gaz pour respirer. Il s'en fout éperdument parce qu'il a appartient à l'ECM, et que nous avons vu que, quelle que soit l'une des trois catégories à laquelle il appartient, il est coincé par le système.

D'où l'intérêt qu'a le système à passer toutes les classes à la moulinette, pour les mettre sur le tapis roulant qui ira nourrir l'ECM : les nobles, c'est fait depuis longtemps (et puis ils ne produisaient qu'un chevalier, un samouraï ou un artiste de-ci de-là..), le clergé n'en parlons pas, restent les intellos de gauche, ou plutôt ex-intellos d'ex gauche, ceux à qui les philosophes à lunettes carrées à la mode reprochent d'avoir existé, puis disparu.

Le France fut avec l'Italie et quelques autres pays européens un magnifique exemple de pays producteur d'intellos, qui emmerdent le système et lui mettent des bâtons dans les roues. A peine le clergé neutralisé, ils ont repris le flambeau de l'idée que pour être heureux, il faut vivre dans une société heureuse, et que ça, on l'obtient mieux en aidant les arts et les lettres qu'en bouffant des chips devant la télé en niquant les autres pays et ses propres enfants jusqu'à la garde.

Heureusement pour l'industrie de masse, l'intellectuel est en train de disparaître au profit de "l'enseignant chercheur", version numérique du savant, prié de trouver ce qu'on lui demande, c'est à dire des moyens de faire de l'argent avec tout sous peine d'être viré par la boîte qui sponsorise son labo.

Après la spiritualité, c'est l'intelligence qui a été sacrifiée sur l'autel du "ça ne sert à rien", ce qui veut dire "ce n'est pas rentable". Il ne manque plus que la liberté, que le citoyen, on l'a vu au tout début de cet article est prêt, en vertu du premier principe à échanger contre du confort. Pourvu que sa flemme soit satisfaite (cf. le vaisseau spatial dans le film Wall-e), l'être humain abdique sa liberté. Pourvu qu'il ait le choix entre des chips goût poulet braisé ou bacon, il se fout pas mal qu'on lui donne le choix de voter entre guignol capitaliste 1 et guignol capitaliste 2, ou entre Poutine et Poutine, ou bien que le Grand Commandeur prenne la tête de l'Empire du milieu sans leur demander leur avis et les déporte s'ils ne sont pas d'accord.

L'autre facteur, c'est le numérique. Lors d'un récent reportage sur une agression, j'ai entendu qu'on ne dit plus les caméras de "surveillance", mais les caméras de "protection". Les caméras ne protègent rien ni personne, à part les fabricants de caméras de la faillite, et encore. Pour le reste, c'est le symptôme de la société qui a échoué dans sa mission à éduquer les citoyens. Plutôt que de compter sur des citoyens bien élevés, on les surveille en train de faire des bêtises, plutôt que d'avoir des lycéens bien élevés qui apportent des manuels dans leur cartable, on installe des portiques pour détecter leurs flingues, bref on transforme la rue en antichambre de la prison, on étend l'univers carcéral à la cité entière, le système constituant en permanence les preuves numériques contre le citoyen déjà-délinquant, mais heureusement repéré par le système.

Car, et j'en finirai là je vous rassure, c'est bien là le point. Je ne plaisante pas avec mon histoire de Jésuite. Au moins ils leur apprenaient à lire, même si c'est pour lire la Bible. La clé de toute la machine, la clé ultime c'est l'éducation, qui fait que le citoyen ne voit plus les enjeux de ce qu'on lui propose, n'a plus accès aux sites terroristes de "fake news" qui racontent des bêtises sur les caméras de protection, bref, le citoyen idéal, c'est l'illettré, l'analphabète à qui Google présente le produit qu'il cherche avant même qu'il en ait tapé le nom, même s'il le prononce mal.

J'ai écrit une nouvelle où un Google-like système prive petit à petit les ordinateurs de clavier, pour les remplacer par un jeu de touches limité à quelques icônes. C'est exactement ce qui est en train d'arriver. Le citoyen doit chercher " restaurant", "hôtel", "alimentation", "lecteur mp3", en appuyant sur des images, tout le reste retournera "résultat non trouvé".

Pas de clavier, pas d'alphabet, partant pas de mot, pas de possibilité de sortir du jeu d'icônes. 5000 ans d'histoire balayés en deux décennies.

Après deux générations de citoyens décérébrés aux tablettes, lesquelles fort heureusement font leur entrée à l'école, qui pensera à demander "pourquoi" ? Pourquoi quoi ? Pourquoi demander pourquoi on ne trouve que les restaurants ? Que pourrait-il y avoir d'autre ? Je ne sais pas, moi, je ne peux pas le savoir, je ne l'ai jamais vu puisque ce n'est pas sur Youtube, la vidéo a été supprimée.

Les gens qui prônent le spirituel ? Fake news. Un avis différent ? Site terroriste, effacé aussi. Mon compte ? supprimé pour non respect des conditions. Ma demande d'explications ? Sans réponse.

Au vu de divers indices, comme l'ardeur des braves gens de Crimée à mourir pour " leur patrie", qui n'est plus qu'un ramassis de supermarchés vides comme tous les autres sur la planète, je me dis qu'il y en a encore pour quelques siècles de barbarie, si ce n'est plus.

On pensait qu'Internet allait éveiller le Chinois, mais ce sont bien les dirigeants chinois qui ont baisé Internet. Le fascisme fait tourner la machine pour lui, à son avantage. Et quand il n'y aura plus de livres, vous pourrez chercher mon nom sur Google, ça fera monter votre cote de délinquance par les algorithmes, et vous aurez pour toute conséquence un accès restreint à Internet.

Je vous laisse méditer là-dessus, buvez de l'eau minérale tant qu'il y en a encore, respirez tant ce c'est gratuit, fumez la cigarette du condamné avant que votre capteur intelligent ne vous dénonce à Google, idem pour vos comprimés stockés dans la boîte à cachets intelligente qui signale à Google que vous n'avez pas pris vos narcoleptiques pour oublier ce que j'ai dit.


(1) C'est ce qui a froissé Einstein lorsqu'il a récusé la mécanique quantiques pour des raisons de "variables locales". cela peut paraître incroyable, mais c'est ce problème d'échelle qui est en jeu.

(2) Tout cela est très bien chuchoté par Godard dans Deux ou trois choses que je sais d'elle. C'est le big bang de l'ECM.

(3) Un phénomène à étudier est la variation de taille des voitures. Elles ont étréci à partir des années 60, on oublie les Chambord, Versailles, calquées sur les formats US d'avant-guerre. Le minimum sera dans le début des années 80, avec la R5, les premières Clio et Twingo Depuis, les voitures regonflent comme des chips extrudés. Comparer le temps de travail pour changer les pièces d'un phare de R5 : ampoule, verre, réflecteur achetés séparément, avec le changement d'un phare aujourd'hui, bloc d'un mètre de long.Aujourd'hui un phare de Twingo est aussi gros que la première version de la Twingo.





lundi 5 novembre 2018

Violence et hypocrisie

Je viens d'entendre parler de l'affaire de Marine le Pen et de ses tweets avec de vilaines photos.

La démarche est pourtant bien prévue par le code de procédure pénale. Les personnes poursuivies, entre autres, pour "diffusion de messages violents" "doivent être soumises, avant tout jugement au fond, à une expertise médicale".

Mais alors comment MLP s'est-elle défendue ? En disant que le but de cet article de loi ne concernait pas son action : La présidente du RN a annoncé qu'elle refusait l'expertise au motif que l'article du code de procédure pénale qui prévoit cette expertise psychiatrique concerne des dispositions relatives à la "mise en péril des mineurs", "ce qui, au regard du contexte politique des tweets, est absolument aberrant".

Si vous croyez que je vais défendre la République des bourgeois frileux, vous vous foutez le doigt dans l’œil. Ce que je veux souligner au contraire ici, c'est l'hypocrisie du discours sur la violence. Que, en l'occurrence, cette hypocrisie soit utilisée pour contrer le RN, bon après tout, comme elle dit elle-même, c'est idiot, et ce n'est pas ça qui éradiquera la montée de l'extrême droite.

Non, ce qui m'intéresse, c'est que cette astuce soit à portée de main du puant petit-bourgeois de la république, comme un bâton dont on se sert contre les vilains.

Parce que la violence, ce n'est pas à l’oppresseur de de la décréter de l'identifier, de la caractériser, c'est à la victime de le faire. C'est bien joli de parler au nom des mineurs et de s'en servir contre MLP, ça s'appelle de l'instrumentalisation, ça s'appelle se servir des enfants. Les enfants n'ont pas besoin de MLP pour trouver des images immondes sur Internet, le web en déborde.

C'est facile par exemple moi le dictateur, je vous tape dessus avec une matraque, ce n'est pas de la violence, donc on peut diffuser la photo titrée "les anarchistes cassent encore des vitrines de banque". Heureusement, ils sont en garde à vue, bourgeois on en veut à votre argent, mais dormez tranquille, l'Etat protège vos intérêts, c'est la SÉCURITÉ.

En revanche, vous l'opposant, vous diffusez ma photo en train vous taper sur la gueule avec la légende : "les flics au service de l'argent", là vous diffusez de la violence. Donc on vous soumet à une expertise psychiatrique. Pas de pot, on va vous trouver dangereux et vous déporter en Sibérie, c'est bête hein ?


Ah là là... Il vaut mieux vous tenir tranquille, voyez ?

Alors pourquoi je vous impose ce couplet sur l'hypocrisie de la violence ?

L'autre jour je vais à la poste, on me refuse mon colis au motif qu'il y a de la ficelle autour, et que " la machine n'aime pas la ficelle, ça la bloque". Alors là tout mon Jacques Tati m'est remonté, tout ce qu'il a fait n'a encore servi à rien. J'ai donc expliqué au postier que ce n'était que mieux, mais il me regardait de travers en lorgnant la queue derrière moi pour me culpabiliser, en me disant qu'on ne pouvait pas faire autrement, qu'on n'avait plus le choix.


Je lui ai dit qu'on avait toujours le choix de s'opposer à l'oppression, il m'a répondu "Allez à la concurrence si vous voulez". Même lui avait bien gobé le discours capitaliste choix de vie = concurrence du marché !


Donc je reprends mon colis, je vais au centre de tri, et là j'explique préalablement aux camarades que j'ai mis exprès plein de ficelle autour de mon colis pour obliger à ce qu'il soit traité à la main, et qu'on embauche des postiers pour payer les retraites, au lieu de payer des robots qui forceront les ouvriers à travailler toujours moins cher.

Ils m'ont pris mon colis.

Tout cela pour dire quoi ?
Que la pression exercée contre le corps social pour l'obliger à se plier aux limites des machines est d'une violence inacceptable. Ce qui est encore moins acceptable, c'est la veulerie de la cascade de petits chefs qui ont abdiqué de toute dignité pour intoxiquer le mental de tous les ouvriers à la doctrine du "On n'y peut rien".

Ouvrez les yeux sur ce qui se passe, amis postiers, on vous remplace par des machines au nom d'un "inévitable" progrès vers la "compétitivité". Mais quand vous habiterez un mobile home pourri, quand vous serez obligé de prendre un crédit pour aller chez le dentiste,ce sera trop tard. Vous ramperez pour un salaire de misère, pour un poste de conducteur de uber qui paye sa tenue, pour un dollar qu'on vous jettera dans la poussière pour payer votre prochain loyer.

Que les foules dégoûtées finissent par se tourner vers le vote populiste, tout le monde le sait, et en particulier les élites pourries qui n'en ont cure, du moment qu'entre temps ils puissent se remplir les poches.

Qu'on fasse mine de lutter contre la violence en baillonnant le FN sous des prétextes fallacieux, franchement, c'est du dernier ridicule. Quand on aura fait crever ce parti, dix repousseront, car la colère populaire ne peut pas être arrêtée, la police numérique n'est pas encore assez puissante.


Je suis entourée d'intellectuels et d'universitaires bien dressés à hurler au moindre signe de Fnitude, qui ferment les yeux, lèvent la main en disant : "Je t'arrête, tout ce qui fait barrage au FN est bon à prendre, d'où que ça vienne". Ces agneaux ne voient pas à quel point ils ont été instrumentalisés depuis leur jeunesse à Vincennes. 

Non, tout ce qui fait barrage au FN n'est pas bon à prendre d'où que ça vienne et sans examen, parce que justement, de là où ça vient aujourd'hui, ça nous amène le FN sur un tapis roulant, plus vite que tout ! Et c'est cela que je reproche à ces ordures, parce qu'ils en sont conscients. Ils savent qu'ils servent leur pays au FN sur u plateau, mais ils continuent à le détruire pour préserver leurs privilèges. ils tuent la démocratie pour lui voler des œufs qu'elle leur a déjà donnés.

La seule arme contre le totalitarisme, c'est l'éducation. La vraie, l'école de la République, la "non rentable", oui, celle là, qui pompe un pognon fou, oui oui, non, pas lus universités payantes.

Le FN, vite, c'est aujourd'hui devenu la devise de tous ces néo libéralismes à la con qui détruisent la société, c'est à dire ses acquis sociaux, c'est à dire l'accès par tous à moindre coût aux services publics, à savoir culture, éducation, santé, énergie, et transports. La privatisation rampante de ces services publics, leur casse organisée depuis des dizaines d'années au motif de "compétitivité" est une violence inacceptable.

Casser un système de santé au motif qu'il n'est pas "compétitif", mais pour qui ? On n'a rien à foutre d'être moins cher que les Chinois et/ou de leur vendre quoi que ce soit. Par contre, qu'il n'y ait plus que les riches qui puissent se soigner, ça c'est grave. Les chinois ne peuvent pas acheter nos journées d’hôpital parce qu'elles sont trop chères ? Tant mieux, ils se feront soigner chez eux. Le foie gras est trop cher pour que les Chinois pauvres puissent en acheter ? Tant mieux, ils feront prospérer leurs fournisseurs locaux et tout le monde sera content. 

Tiens écoute ça :

https://www.franceculture.fr/emissions/les-cours-du-college-de-france/les-cours-du-college-de-france-du-lundi-05-novembre-2018

Il a tout compris.

Sinon, le prix du gigantesque du mois va à une artiste anglaise :

 " Les installations de Rebecca s’apparentent à de gigantesques cascades de fleurs. Sa dernière exposition était d’ailleurs constituée de pas moins de 500 000 fleurs, époustouflant ! "

Rappelez-vous, du moment que c'est gros, c'est de l'art ! Plus c'est gros, plus c'est mieux.Comme ça, on n'est sûr de ne pas voir arriver le peuple, faut pouvoir se payer les fleurs. Art sponsorisé donc art inodore, et sans danger pour le système en place.

jeudi 1 novembre 2018

Divers

Il m'a fallu vaincre de terribles résistances pour inclure ceci comme une pièce de mon œuvre, une œuvre d'art à part entière. Il m'a fallu le soutien de Saint Duchamp pour oser inclure toute démarche capable de porter l'oscillation de la délocalisation que je vécus alors, pour la porter à travers l’œuvre vers le monde et vers les autres. 

Il y a un point d'intimité où l’œuvre refuse de se détacher du corps de son créateur. Elle ne veut pas avouer qu'elle fut créée en tant qu’œuvre, elle veut se croire partie des souvenirs. Comme si, un dimanche après-midi, j'avais pu exister à Libano. J'avais eu un peu cette sensation avec Valparaiso, puis plus récemment avec un patelin en Thailande

Sensation de m'approprier non plus seulement l'image, mais la réalité du monde qu'elle représente. S'approprier au point de pouvoir les revendre, revendre ces morceaux de réalité que j'avais désormais sur les bras. Mais là sensation fut plus forte avec Libano. Je me voyais vraiment dans l'appartement, comme je l'avais éprouvé une première fois avec les Philippines (Valenzuela)


J'habitais vraiment là-bas, un petit studio au premier étage du centre d'accueil pour enfants.Et la terrasse, le soir.

Autre sujet, cette terrible parole de l’Évangile bounces entre les parois de mon crâne. C'est celle du soldat romain, au pied de la Croix, lançant à Jésus de Nazareth : "Eh bien, sauveur des Juifs, maintenant sauve-toi toi-même".

Elle s'est réactivée parce que j'ai regardé la Dernière tentation du Christ de Scorsese. Sans rien lui enlever de sa divinité (?) il fait de Jésus un humain qui se pose des questions sur son rapport au devoir. Une fois adulte, l'être humain a généralement très bien compris ce qu'il ne faut pas faire pour ne pas ennuyer les autres truies. Il continue néanmoins de le faire, mais par compulsion, non par déduction logique.

Mais dois-je participer au projet de Dieu ? Pourquoi ne pas après tout lui renvoyer l'ascenseur et manifester à son égard l'indifférence qu'il sait me prodiguer ?

Ingratitude totale, lorsqu'on regarde ma condition réelle. Quand je pense que je critique la qualité du jus d'orange que je bois le matin au petit déjeuner, alors que des milliers d'enfants doivent fouiller les décharges pour vivre, et je parle d'indifférence...

Mais comme dans le film, Judas lui reproche de ne pas sauver les Juifs d'abord, de même le soldat romain de l’Évangile fait preuve de bon sens. Vouloir sauver l'humanité entière et ne pas commencer par soi.
Oui, mais il fallait un sacrifice.

Mais pourquoi spécialement un sacrifice, et pas une représentation théâtrale, une partie de poker, un spectacle pyrotechnique ou simplement un ready-made, genre un caillou ? D'accord, parce que cela véhicule l'idée centrale, celle de remplacer la violence par l'amour. Mais une fois cela fait, justement, au moment de la crucifixion, montrer sa puissance. C'eut été tellement plus simple...

Sinon je suis emmerdée de chez emmerdée : Flickr va changer les règles de stockage pour ses formules gratuites. Au lieu de 1To, ils vont accorder 1000 photos. J'en ai 8000...

J'aimerais que vous retinssiez ce lien :

http://www.franceculture.fr/emission-science-publique-une-formule-mathematique-universelle-existe-t-elle-2012-11-09

Tout d'abord parce que je vais le reconnecter avec certaines remarques de Gerald Bronner. Cela pourrait prendre place sur Formesens, oui mais voilà. Je préfère, par un souci de cohérence, mais d'une autre cohérence, réserver Formesens pour la suite de mes recherches sur les taxinomies, afin de ne pas éparpiller le sujet.

Le pont entre la formule de Bayes et Bronner sera enrichi d'un lien vers un passage de La Haine de L'Art, de Philippe DAGEN. Notamment cette phrase... que j'ai totalement perdue. :D


Un art (outil de compréhension) des opérations intellectuelles, mais des déclics, des passages, ce moment où l'on entend le cliquetis de la serrure lorsqu'on tourne la clé. Ce moment où le pêne bascule et où sa seconde moitié change de côté.

Ainsi des opérations intellectuelles. Une fois leur mécanisme enclenché.

A propos de ce qui figure dans les blogs, je me suis fendue d'une sorte de site  web, sorte de vaisseau amiral que je mets en lien sur Flattr.

Je ne voulais pas alourdir ce qui doit rester une présentation, mais sur cette page, à la suite de "rire de tout mais avec personne", j'aurais volontiers écrit ceci :


Pour avoir pointé le bout de mon nez parfait parfois sur FB, avec ma gueule de métèque, pour avoir craqué une  mini bulle de singe sur Insta, je sais à quel point les humoristes officiels en ligne sont cadrés pire que par les vopos.

Les youtubeurs font semblant d'être drôles avec leurs barbes de hipsters et leur col en V, la ceinture bien mise dans la Clio parce qu'ils ont tous la même voiture, adieu la fifty-four avec la mashed-up door, mais leurs blagues ne dépassent pas le périmètre de leurs crottes de nez. De toute façon, au moindre écart ils sont signalés et supprimés par Big Data.
Mais ça fait rire les collégiennes qui ont toutes les mêmes chaussures. Tout ça est propre et pue à cent lieues le déodorant qui les rend stériles.

Il paraît qu'ils appellent à tous faire quelque chose pour la planète. C'est mignon. On dirait mes enfants tout fiers d'aller ramasser les sacs en plastique avec la maîtresse dans les fossés.

Le souci, voyez-vous c'est que mon fonds de commerce, c'est la vanne, la blague de haut vol. Le second degré, c'est encore de la daube coupée au henné, je laisse ça aux petits dealers de quartier. Moi mon créneau, c'est le luxe, le haut de gamme, la vanne que seuls ceux qui me suivent depuis des années peuvent entraver.

Et là, j'ai un problème, c'est que masquée de l'affection pour les phrases flowées de leur rappeur préféré, l'inculture étend son empire comme Soron sur le Gondor.

En effet, pour palper les subtilités d'une langue, encore faut-il en maîtriser la version de base. Et c'est là que ça  pèche.


 Le Breton, en tant que sous-catégorie du Français, n'est pas toujours  à l'aise avec sa langue, le français.
   

 Comme son compère le Basque, il est plus ou moins contraint de  feindre de défendre  des patois auxquels il n'entend plus grand chose, et qui ne sont de toute façon plus marmonnés  que dans les EHPAD, par des mâchoires sans dent à des médecins roumains  venus bosser à moitié prix mais qui ne comprennent rien.

Quant aux 3 minots bobos, Diwan ou privé, ce ne sont pas les deux heures de Breton ou de caté qui vont endiguer les jours et les nuits de manga et  Youtube qu'ils avalent.C'est un peu comme le latin pour les petits parisiens, cela donne accès à un fonds, j'admets. Mais enfin autant pour le latin, c'est toute notre civilisation qui est en jeu, autant ici, pour quelques contes sur les lavandières de la nuit et les farfadets, c'est beaucoup d'efforts...

 Donc, disais-je, le Breton n'est pas à l'aise avec sa langue, là est la question, c'est à dire qu'ils parlent avec peine le français.
   

C'est par là peu dire encore qu'il n'est pas à l'aise avec la mienne. Les choses ne font que changer d'aspect sans changer de nature depuis que ces honorables personnes sont au contact de non moins honorables Kosovars et autres balkanophones, qui eux pour le coup sont incapables de faire tenir debout une phrase de trois mots. On aura compris le problème.
Si ce ne sont pas les illetrés qui vont acheter de la poésie raffinée, que n'achèteront pas les analphabètes ?


Je suis donc condamné à la ruine, puisque les quelques lettrés sont poussés vers la pauvreté par les plans de lutte pour la croâssance. Eh oui, pousser un lettré dans une usine, c'est l'appauvrir, puisque c'est lui faire perdre la culture qu'il avait en propre afin de le rendre aussi inculte que les autres, dont on a déjà des millions d'exemplaires dont on ne sait que faire.


Mais peu importe, il faut "réinsérer" le lettré, l'envoyer en camp de redressement, afin qu'il ne puisse pas contaminer ses petits camarades en émettant des doutes quant à la croâssance et à l'emploâ.

A la fin également, après " Voir cela donne le vertige", j'aurais volontiers mis :


Revenons par exemple à l'uniformité. Si vous vous promeniez de par le monde  il y a quelques siècles, vous pouviez admirer des contrées emplies de gens de couleurs différentes, vêtus de vêtements différents, aux étoffes
différemment teintes. Vous pouviez observer que ces gens avaient des mœurs très différentes, gouvernées par des lois très différentes les unes des autres, et des coutumes toutes plus originales que les autres.


Aujourd'hui il est évident que la tendance est à l'uniformisation. Lors de vos voyages, vous rencontrerez toujours le même type d'individu, habillé pareil, vivant dans le même appartement, se rendant au même travail dans
la même voiture.


L'idée que l'industrie, pour gagner plus, devait avoir une consommation de masse comme client final, de façon à écouler des produits similaires,a ainsi poussé le marketing à formater ce client final et tout son environnement.


Mais cette main d’œuvre a eu une conséquence heureuse, que le marketing mondial commence seulement à percevoir. Revenons à notre promeneur imaginaire du passé. Admirant ces mœurs diverses, il se disait : "Si on doit
admettre que toutes les civilisations se sont donné des lois, il faut  reconnaître que chacune l'a fait en fonction de ses coutumes. Le système des lois reflète le profil de chaque société, on y retrouve les particularités
 de chaque peuple, de son histoire et de ses préférences.


 Ainsi, si la loi est nécessaire, elle doit aussi se justifier. On pourrait  trouver de nombreux actes pour lesquels je serais jugé coupable en mon pays,  et trouvé innocent ici. La justice de mon pays, son système de lois doit
 rendre compte de cette particularité qu'il a de criminaliser tel acte en  explicitant dans quelle coutume, quelle tradition vient s'enraciner ce  jugement."

 
 L'avantage imprévu, mais bienvenu, d'uniformiser le monde, c'est que  le citoyen n'aura plus l'idée d'aller chercher si dans quelque pays, la coutume l'innocenterait, contraignant la loi à sortir du bois et à se justifier. La loi devient une évidence, une chose qui "va de soi", que tous pratiquent sans discuter.  

 Bonne affaire pour les despotes, ainsi dispensés de toute recherche   philosophique pour fonder la loi. Il suffit de la "faire passer"    techniquement dans les institutions.  La disparition de la biodiversité   humaine est un des facteurs qui   se conjuguent pour nous mener droit au totalitarisme.

Le prix de la connerie géante du mois revient à la ville de Genève, où " une fresque rend hommage au travail des bénévoles qui portent secours aux migrants en Méditerranée." Vraiment génial... Le secours aux migrants, ce n'est même plus "consensuel" qu'il faut utiliser pour le qualifier, il n'y a pas de mot. Le secours aux migrants, c'est le sacré, c'est l'absolu, c'est un blindage d'un mètre qui garantit contre toute critique. Comment oser, comment même oser penser à critiquer quelque chose qui est fait au nom du secours aux migrants ?

Si vous dites "C'est de la merde", vous vous mettez à dos les 80 % des sondages, vous basculez du côté des populistes, des fascistes, des salopards. Vous tombez sous le coup de la loi contre les discriminations. Moi je vais faire toutes mes œuvres en hommage aux gens du secours aux migrants.

La fresque fait genre 200 m de côté; mais du moment que c'est géant, c'est bien.

Tiens, allez l'accessit pour lui. C'est bien parce qu'il y a cinq cent feuilles. C'est "bluffant".

 

lundi 22 octobre 2018

Gafascisme

C'est Gafa qui décide quoi tu lis.

Or :

  • Ne serait-il pas normal que ce qui arrive respecte les lois de la République ?
  • Ne serait-il pas normal que ce soit le justice qui décide si un auteur doit être censuré ou pas ?
  • Ne serait-il pas normal que Facebook respecte les lois de la République ?
  • Ne serait-il pas normal que ce soit la justice qui décide si un auteur doit être censuré, et non Facebook ?
  • Ne serait-il pas normal que Facebook ne puisse fermer un compte français que sur autorisation ou injonction de la Justice Française ?

 Le problème, c'est que Facebook n'est pas français, il est américain. Et tu es français. Et ce ras-le-bol commence à sourdre, celui qui unit dans son lit les cheveux blonds les cheveux blancs...

L'avenir dira si avec Alex Jones, l'ennemi a commis l'erreur de se dévoiler. La libre parole oui, mais pour ceux qui disent ce qui nous plaît d'entendre, voilà la liberté à la Facebook. Et si moi, pour idiot qu'il soit, j'ai envie d'entendre Alex Jones, qui peut m'en empêcher, sinon la loi ? 

Bien entendu je suis de ceux qui ne laisseraient même pas à la loi la possibilité de le faire. Mais admettons. Car enfin, de quoi a-t-on peur ? Qu'il nous incite à la débauche, à manger les petits enfants, à couper les citrons à l'envers ? 

Éduquons le lecteur et laissons le  lire. S'il y a du bon, il le gardera, si c'est mauvais, il le jettera. N'éduquons pas le lecteur : il faudra lui fermer une à une les portes des pièces où nous ne voulons pas qu'il aille, comme à un enfant. Mais qui est ce "nous", et qu'est ce "où" ? Si c'est pour laisser Facebook aménager l'appartement, il y a fort à craindre que cela se transforme en supermarché.

Bon sinon je voulais dire qu'il m'a été donné hier d'aller observer et nourrir des poules, de diverses races et confessions. J'ai été abasourdie de la beauté de leurs plumages. Le coq de base est un chef-d'oeuvre. On peut dire que le peuple avait dans sa basse-cour des oeuvres d'art, de quoi donner envie de les copier à l'aquarelle. 

Aujourd'hui les abords sont tondus comme des parkings de supermarché, et la tondeuse dort dans l'abri. Plus de poules, plus de coqs multicolores, ébouriffés, dont les plumes irisées chatoient dans les mouvements. 

On n'arrête pas le progrès, et c'est bien dommage, parce qu'il est en train de nous pourrir à vitesse V.

vendredi 3 août 2018

La connerie se porte longue, cette année.


 Pas comme les jupes de ces dames, qui ont décidé d'être l'égales des hommes, même dans la connerie, et donc se foutent sur la gueule comme leurs homologues masculins. Apparemment on n'a pas encore trouvé de traitement pour passer du genre con au genre intelligent.

D'ailleurs à ce dossier je vais verser quelques extraits de notre ami Antonin Artaud, tirés du Théâtre et son double, pratiquement toute la préface, de sa plume.







 Et que le livre s'ouvre sur Cagliari m'est une douceur, bien sûr. J'amène cette préface au dossier de ma défense contre ceux qui m'accusent de ne pas exposer au faible motif que je ne veux pas participer de cette mascarade.

Je veux montrer par là que le motif n'est pas faible, parce que la mascarade n'est pas innocente. Car bien au contraire,  le crime est de poids. 

Il n'est pas de peu de poids que le circuit des expositions se déroule dans un silence tacitement convenu. Les dossiers de candidatures ont été inspectés, ne vous inquiétez pas, il n'y aura pas de vague, dit l'exposant à son autorité de tutelle. 

Et l'artiste dans son dossier rassure l'exposant :" Regardez mes œuvres comme elles sont paisibles. Rassurez bien l'état et les collectivités, il n'y aura pas d'émeute, pas de remise en question.

Les touristes défileront sagement devant mes œuvres, les retraités s'étonneront à peine (il est normal, après tout, que l'art soit "inhabituel"), les adultes auront occupé les enfants pendant une après-midi de vacances, les enfants n'auront "pas levé le nez de leur téléphone".

Mais tout le monde s'en fout, chacun a pris sa part, chacun a fait son boulot, on ne peut accuser personne de rien, les extincteurs sont bien remplis, les lumières des issues de secours scintillent dans le silence. Personne ne bouge. Le diaporama sur les vieux métiers de la pêche tourne en boucle dans la salle voisine, tout le monde s'en fout de ce qu'était Regnéville au siècle dernier. L'important c'est d'avoir un forfait 4G pas cher. 

Il n'est pas de peu de poids que le circuit de l'art soit devenu un maillon silencieux qui tourne dans l'huile de l'animation des territoires.Il n'est pas anodin que l'art à son tour soit devenu un rouage comme un autre du marché, et fonctionne selon les mêmes règles.

Ce n'est pas tant que l'art soit resté jusque là ce qui justement, comme le sacré, ne peut servir dans une médiation d'argent. Du temps des Sumériens, vous proposez de leur acheter une statuette de dieu, on vous fouette et on vous jette dehors, au mieux. Au pire, impie, vous périssez dans d'atroces souffrances.

Non, ce n'est pas cette "désacralisation" de l'art dont il parte, c'est pire.C'est une déracination, un arrachement de la plate de sa terre originelle, la culture populaire. Et là, je me sépare de lui.Autant le discours sur la spiritualité est éternel, autant celui sur les foules qui goûtent le théâtre daté et insoutenable.

Le tournant est ici, page 115 : "On doit en finir avec cette idée des chefs-d’œuvre réservés à une soi-disant élite, et que la foule ne comprend pa, et se dire qu'il n'y a pas dans l'esprit de quartier réservé comme il y en a pour les rapprochements sexuels clandestins.

Déjà, le ton comminatoire n'augure rien de bon, et malheureusement, ce ton sera conservé dans la suite des pages, entachées de "on doit", de "il faut"...

Ensuite plus personne n'ignore que pour goûter certaines des productions d'une élite, il faut en connaître les règles, et qu'il n'y a rien là d'immoral. On peut connaître le Théâtre Balinais par ses sons et ses couleurs, on peut aussi mettre des noms sur les dieux et les ombres, et goûter l'intrigue, pour ceux qui le souhaitent, à moins bien sûr que le commissaire au théâtre s'en offusque et vous envoie au goulag.

Enfin, le plus drôle est qu'Artaud ne réalise même pas que s'il goûte ces chefs-d’œuvre, quoi qu'il en dise, c'est parce qu'il est équipé des règles de l'élite. Personne n'a dit que les foules sont incapables de comprendre, on a dit qu'elles n'ont pas bénéficié de l'éducation pour le faire. Mais bon, il est excusable de tenir en 1930 un discours qui fleure bon les années 60, c'est déjà pas mal. 

Mais il reste ce fil conducteur, que je ne lâcherai pas, car il semble bien nous relier à l'autre bord d'un gouffre. En fait de plusieurs gouffres. Je pense que depuis des temps immémoriaux, une entreprise de "déshumanisation" est à l’œuvre, au sein de l'humanité même. On pourrait dire que le camp de la raison affronte celui du coeur, et que ce dernier perd du terrain. 

Car le cœur, c'est une certaine vision de l'esprit par l'esprit, c'est ce qu'il considère se devoir à lui-même pour respecter ses plus hauts attributs. Et la raison, c'est une autre vision de l'esprit par lui-même, et ce qu'il considère devoir protéger, c'est la sécurité.
La sécurité d'on ne sait quel trésor de biens et d'argent. Que cette réserve de grain soit à l'abri de murs épais, en prévision d'on ne sait quelle catastrophe. Et des gardes armées aux portes. Et surtout, qu'on ne demande pas la raison de tout cela. Le garde tire, et ne discute pas. 

On me dira que "c'est bien gentil", mais que des millions de gens au terrasses des cafés discutent de choses inutiles, répètent les mêmes projets et les mêmes propos. Justement, j'y reviens. C'est inoffensif. Non offensif. Ciseaux à bouts ronds, fleurets mouchetés, instruments patauds aux extrémités de plastique rose épaissies, l'occident vit dans une bouée pastel d'où il déguste son soda parfum préféré, au frais, en regardant, gratuitement sur Internet, des chatons tomber du canapé.

Il faut n'être surtout rien, ni homme ni femme, ni blanc ni noir. Pourquoi pas. Le problème c'est que nous partageons l'appartement avec des gens qui ne sont pas du tout dans cet état d'esprit. Et qui se sentent habités par la mission de détruire cette engeance de fiottes. 

On aura compris les motivations de l'urgence à inculquer le "vivre ensemble" que semblent du coup éprouver les gouvernements des dites populations de fiottes 'nous).